La région AURA valide le BHNS pour la ligne Lyon-Trévoux

Ce jeudi 28 mars, la région AURA (Auvergne Rhône-Alpes) a adopté en séance plénière le déploiement d’un BHNS (Bus à Haut Niveau de Service) pour relier Trévoux à Lyon, en empruntant le trace de l’ancienne voie ferrée.

Vieux serpent de mer de la région lyonnaise, la réouverture de l’ancienne ligne Lyon-Trévoux, fermée au trafic voyageurs depuis les années 1930 et au trafic Fret depuis fin 2010, ne se fera donc pas sur les rails mais sur la route. Le projet de tram-train, qui était dans les cartons depuis de très nombreuses années, va donc rester lettre morte.

Le projet de BHNS va donc réutiliser la plateforme de la voie ferrée entre Trévoux et Sathonay, qui sera donc déclassée et entièrement démontée ; de Sathonay à Part Dieu, le BHNS devrait emprunter pour partie le site propre de la ligne TCL C2 . 8 à 13 arrêts sont prévus tout au long du trajet, pour un temps de parcours estimé d’environ une heure. Le matériel ainsi que la trame de circulation attendus sont pour le moment inconnus (on évoque des bus de 140 places, soit 80 places de moins qu’une rame de tram-train Dualis circulant sur l’Ouest Lyonnais). Le projet table sur une fréquentation de 4 200 voyageurs/jour, le tout pour un budget estimé, à date, à 75 millions d’euros.

Au-delà du choix même du bus par rapport à la solution ferroviaire (choix qui, du coup, sera irréversible et ferme définitivement la porte à une alternative ferrée), de nombreuses questions d’aménagement sont soulevées par cette décision et restent pour le moment sans réponse claire et précise : la plateforme est-elle suffisamment large sur l’ensemble du tracé de l’ancienne ligne de train pour permettre le croisement de deux bus ? (voire notamment l’insertion de la ligne dans la commune de Neuville-sur-Saône) Même s’il ne comporte aucun tunnel, le tracé des bus va emprunter de nombreux viaducs, dont celui métallique de Rochetaillée (au pied du Musée de l’Automobile) : comment faire circuler des bus sur ce type d’ouvrage d’art ? (pour plus d’éléments sur ces sujets, je vous renvoie vers cet excellent article du blog Transportrail sur la ligne Epinal-St Dié ) Comment insérer ces bus autour de la gare de Sathonay-Rillieux (qui être en train de se doter d’un second parking en face de la gare) et assurer la jonction entre l’ancienne ligne ferrée et le site propre du C2 ?

S’il paraissait évident qu’il serait plus que compliqué d’amener un tram-train jusqu’à la gare de Part Dieu en l’insérant sur les voies actuelles depuis Sathonay, le projet de tram entre Sathonay et Trévoux présentait l’énorme avantage d’utiliser le tracé et les voies déjà en place jusque Neuville-sur-Saône (le reste du tracé jusque Trévoux étant encore en bonne partie toujours existant). Nul doute que la directive Bussereau (qui veut que toute ligne fermée qui réouvre voit ses passages à niveau supprimés) a pesé dans la balance et les consciences. Pour contourner cette directive inepte, il aurait été possible de retrancher la ligne de Trévoux du domaine ferroviaire et d’en confier l’exploitation en version tram au Sytral. La conversion de la ligne de Trévoux en tram aurait également permis la modernisation, par ricochet, de la ligne de la Dombes Lyon-Bourg-en-Bresse (comme déjà évoqué sur ce site).

Enfin, en cette période où l’on nous rebat les oreilles avec le changement climatique, la réduction de la pollution, de la dépendance aux énergies fossiles et des émissions de CO², le message envoyé par cette décision de la majorité régionale envoie un signal à contre-courant en privilégiant, une fois encore, la solution routière en débit du bon sens… Et l’histoire est peut-être sur le point de se répéter puisqu’on évoque une solution identique pour la liaison entre Lyon et Crémieu, alors même que le tram T3 circule déjà jusque Meyzieu et que son prolongement vers l’Isère semble l’évidence même…