La SNCF dévoile son audit sur les lignes malades de la région Rhône-Alpes

Un an après avoir dévoilé ses 12 lignes malades au niveau national, la SNCF a rendu ses conclusions vendredi dernier à Lyon pour les 3 lignes malades de la région Rhône-Alpes, à savoir, Lyon-Dijon, Lyon-Grenoble et Lyon-Ambérieu. Guillaume Pépy, le président de la SNCF, était initialement attendu pour cette réunion, mais sa visite a finalement été annulée, a priori à cause du faible nombre de participants prévu (étrange au vu des attentes des associations d’usagers…).

Au premier plan de cet audit, la saturation de la gare de la Part Dieu. Rien d’étonnant quand on sait que c’est la plus grande gare de correspondances d’Europe et qu’elle accueille 3 fois plus de voyageurs que ce pour quoi elle a été conçue. On sait depuis quelques temps qu’un projet de gare souterraine sous la gare actuelle est dans les cartons, mais se pose comme toujours, et encore plus en cette période de crise, la question du financement. La Part Dieu n’est pas le seul point noir, les lignes d’Ambérieu et de Grenoble le sont aussi, avec une accumulation de courants qui font que ces lignes sont saturées (1 circulation toutes les 3 minutes en pointe entre Lyon et Grenay sur la ligne de Grenoble !), et qu’au moindre incident, c’est toute la régularité de ces lignes qui explose. A l’heure actuelle, sauf à supprimer des trains, aucune solution viable n’est possible avec les moyens actuels… Point positif du rapport, la régularité, qui est en augmentation en 2011 par rapport à 2010, avec un taux de trains à l’heure ou en retard de moins de 5 minutes qui se situe à 92%. Problème, celui des lignes malades reste inférieur à 90%, quand bien même la fin de la diamétralisation des trains Dijon-Lyon-Grenoble semble avoir un effet positif sur ce point.

Une fois ces problèmes constatés, quelles solutions peuvent être envisagées ? Première piste : le matériel. La direction régionale a annoncé il y a quelques jours que les futurs TER « gros porteurs » Regio2N seront prioritairement affectés à leur livraison à partir dès 2014 aux axes Lyon-Grenoble et Lyon-St Etienne. Une bonne nouvelle a priori, qu’on pourra nuancer par le fait que le débit et la circulation des voyageurs dans un matériel 2 niveaux est plus lent que dans un matériel à 1 niveau. Il faudra également résoudre le problème de la disponibilité du matériel, puisqu’actuellement, les réserves de matériel sont nulles ; quasiment tout le matériel disponible est engagé quotidiennement sur les rails de la région, et au moindre accident ou problème technique, il n’y a aucune solution pour remplacer la rame en panne et assurer le service. Josianne Beaud, la directrice régionale TER, a lancé la lumineuse idée de remplacer les trains les moins fréquentés par des autocars pour dégager du matériel. On attend avec impatience les réaction des usagers quand le car qui remplacera leur train sera pris dans les bouchons et sera en retard…

Deuxième axe d’amélioration : les infrastructures. Et c’est bel et bien là que le problème se situe ! Prenons le cas de la Part Dieu. On a beau avoir inauguré la voie K en décembre dernier, rien n’y fait : les trains bloqués en avant-gare attendant qu’une voie se libère sont toujours là ! Avec 4 voies d’accès de chaque côté de la gare (dont celles côté nord non banalisées !), impossible d’écouler le trafic actuel de façon fluide. Même souci sur la ligne d’Ambérieu, où l’absence d’IPCS (Installations Permanentes de Contre Sens) est rédhibitoire : au moindre souci, c’est toute la ligne qui se retrouve bloquée ! Problème, ce n’est plus la SNCF qui décide et organise les travaux sur ses lignes, c’est RFF, et le temps que les travaux nécessaires soient actés, décidés, financés et engagés, les soucis sur les rails n’auront fait que s’aggraver. Le contournement ferroviaire de l’agglo lyonnaise n’est pas encore pour demain, pas plus que l’éventuelle gare souterraine de Part Dieu. On paie aujourd’hui les 30 ans de manques d’investissement dans les infrastructures ferroviaires… Devra-t-on encore attendre 30 ans avant d’avoir une situation correcte à bord des TER de la région ? Les usagers du quotidien attendent, eux, des solutions concrètes et rapides ! On devrait déjà avoir des débuts de réponses le 17 février prochain, date à laquelle les associations d’usagers doivent rencontrer la direction régionale pour analyser les conclusions de cet audit.