Lyon-Neuville-Trévoux

La ligne Lyon Croix Rousse-Trévoux a été inaugurée en 2 parties : de Croix Rousse à Sathonay le 30 juillet 1863 par la Compagnie du Chemin de fer de Lyon Croix Rousse à Sathonay, puis de Sathonay à Trévoux le 1er juin 1882 par la Compagnie des Dombes et des Chemins de fer du Sud Est (DSE), qui avait entre temps absorbé la précédente. Comme toutes les compagnies de la région, elle a par la suite intégré le giron du PLM en 1897.

Profil en long de la ligne depuis la gare de Lyon Croix-Rousse jusque Trévoux. Notez le profil en dent de scie.

L’origine de la ligne était situé dans le quartier lyonnais de la Croix Rousse, au pied de la station supérieure du funiculaire de la rue Terme. Elle traversait ensuite le Boulevard de la Croix Rousse, puis gagnait Caluire, Cuire et Montessuy. Parvenue à Sathonay, gare située sur la ligne des Dombes Lyon-Bourg en Bresse, elle gravissait les collines surplombant la Saône, desservait successivement Fontaines, Fleurieu, Neuville, Genay, Reyrieux, et parvenait au terminus de Trévoux après un voyage de 25,101 kilomètres.

Le premier événement important de la ligne intervient en mai 1914, avec le déplacement de la gare de la Croix-Rousse. Sa configuration originelle, obligeant les trains à traverser à niveau le Boulevard de la Croix-Rousse, devenait de plus en plus pénalisante pour l’exploitation. Décision est donc prise de démolir l’édifice, et de reporter le terminus de l’autre côté de Boulevard, au bout de l’actuelle Place des Tapis. Le second événement, moins réjouissant, date de décembre 1938. C’est en effet à cette date que le trafic voyageurs est arrêté sur l’ensemble de la ligne. La concurrence du « Train Bleu », tramway qui reliait le Quai de la Pêcherie au bord de la Saône à Fontaines et Neuville, aura fini par avoir la peau de la ligne. La section entre La Croix-Rousse et Sathonay reste néanmoins ouverte au trafic voyageurs, desservie par une poignée de trains de/vers Bourg en Bresse jusqu’en mai 1953, où ces dessertes sont également définitivement arrêtées (la création d’un raccordement entre Sathonay et Lyon Saint-Clair en 1900 avait là aussi entraîné un report important du trafic en direction de la gare des Brotteaux. L’ensemble de la ligne reste alors ouvert au trafic marchandises, jusqu’en septembre 1975. La desserte de la section Sathonay-Croix-Rousse est alors supprimée pour cause de travaux du métro C qui devait utiliser ses emprises. Le parcours terminal à l’air libre de cette ligne de métro unique (seule ligne de métro à crémaillère au monde) s’effectue donc sur la plateforme de la ligne de Trévoux. Le dépôt-atelier de la ligne C est d’ailleurs situé à l’emplacement de l’ancienne gare marchandises Croix Rousse 2.

Dès lors, seule subsiste de la ligne originelle la section entre la gare de Sathonay-Rillieux et la zone industrielle de Neuville, dont l’embranchement se détache de la ligne un peu au nord de l’ancien BV de Neuville. La desserte quotidienne permet d’alimenter entrepôts et usines chimiques. Originellement confiée aux BB 66000 du dépôt de Vénissieux, cette desserte passe dans le domaine des BB 67300 chambériennes à la fin 2003. Elle sera successivement assurée par les BB 69200 et 67400 Fret, avec même un court passage des BB 63500 lors d’un unique Service Annuel. Le volume de wagons acheminés se réduit au fil des années, pour finalement conduire à la suppression de la desserte en 2010. Depuis, la ligne reste officiellement ouverte, mais plus aucun train ne circule (un grillage a même été posée au niveau du premier PN à la sortie de la gare de Sathonay-Rillieux pour éviter les intrusions sur les voies en gare).

Ce ne sont pourtant pas les volontés de réouverture de la ligne au trafic voyageurs qui manquent. Depuis des années, des riverains de la ligne se battent pour que des trains puissent faire leur retour sur la ligne, que les TER circulant sur la rive droite de la Saône puissent être soulagés, et que le trafic routier dans la région puisse être réduit. Pendant longtemps, le projet de tram-train entre Trévoux et la gare de Lyon Part Dieu a tenu la corde. Longtemps, on a cru la réalisation de ce projet possible, malgré toutes les interrogations qu’il soulevait : réouverture jusque Neuville ou jusque Trévoux ? Comment insérer le tram-train dans le graphique de circulation déjà plus que chargé entre Sathonay et Part Dieu ? Si pas possible de passer par la voie classique pour accéder à Part Dieu, par où passer ? Tous les signaux étaient même au vert puisque la majorité régionale s’était engagée, en 2015, à valider le projet tram-train, avec ouverture envisagée en 2022.

Hélas, toutes ces circonvolutions et ces soubresauts ont fini par avoir la peau du projet de tram-train et de réouverture de la ligne au trafic voyageur : le 28 mars 2019, la région Auvergne-Rhône-Alpes a annoncé avoir décidé de mettre en place un BHNS (Bus à Haut Niveau de Service) entre Trévoux et Part Dieu, qui va circuler, jusqu’à la gare de Sathonay, sur l’emprise ferroviaire de la ligne, qui devra donc être totalement reconvertie au bitume. Au-delà de toutes les considérations techniques et environnementales que soulève cette décision (je vous renvoie à l’article du site indiqué ci-dessus pour plus de détails), ce projet de BHNS signe la fin définitive de l’exploitation ferroviaire de la ligne, puisqu’il serait bien entendu impossible, une fois le site propre du BHNS réalisé sur la plateforme de l’ancienne ligne, de (re)convertir cette plateforme pour une exploitation ferrée…

Pour les nostalgiques de la ligne où ceux qui voudraient la découvrir, je ne peux que vous conseiller de regarder la vidéo ci-dessous. Vous retournerez en 1997 et prendrez place à bord d’une UM de BB 66000 pour parcourir la ligne et aller desservir la ZI de Neuville. Un vrai régal et un vrai morceau d’histoire !