Lyon-Londres en Eurostar d’ici 5 ans ?

Lors d’une interview accordée le week-end dernier au Financial Times, Nicolas Petrovic, Directeur Général d’Eurostar, a annoncé que la compagnie souhaitait relier, d’ici 2016 ou 2017, Londres à 10 nouvelles grandes villes européennes. Parmi celles-ci, on retrouverait Lyon et Genève. Ce développement de l’offre trouve son origine dans 2 grandes raisons : concurrencer l’offre aérienne, et contrer la Deutsche Bahn, qui envisage de lancer un ICE entre Francfort et Londres à l’horizon 2015 (la liaison était initialement prévue pour les Jeux Olympiques de 2012, mais a du être reportée à cause de retards dans la livraison et l’homologation des rames).

Une fois les déclarations d’intention passées, analysons les motivations d’Eurostar : sur le plan de la concurrence du secteur aérien, celui-ci est déjà soumis à une rude concurrence du fait des compagnies aériennes low-cost. Si Eurostar souhaite développer son offre, on peut deviner que la clientèle visée sera la clientèle d’affaires, seule capable de remplir des trains dont le temps de trajet sera supérieur à l’avion sur ces relations. Niveau matériel, la compagnie devra forcément trouver un autre matériel que les rames TMST qu’elle utilise actuellement sur les relations Londres-Paris/Bruxelles, puisqu’elles ne sont pas aptes au 15 Kv allemand ou au 1,5 Kv néerlandais. Il faudra donc acquérir ou louer un autre type de rame, avec tout ce que cela sous-entend en termes de construction (si matériel neuf), formation et homologation (comme indiqué précédemment, c’est ce qui a retardé le lancement du Vélaro D Francfort-Londres de la DB). On se rappellera aussi qu’en juin 2000, Thalys avait lancé une relation quotidienne Amsterdam-Genève, relation qui avait été stoppée au bout de seulement 2 ans, faute d’occupation suffisante de la rame. On peut aussi rétorquer que la liaison estivale Londres-Avignon, qui ne circule que les samedis, est une belle réussite, tout comme les Eurostar des neiges vers la Tarentaise. Mais ce ne sont que des liaisons saisonnières et ciblées, plus faciles à remplir et à rentabiliser qu’une desserte quotidienne…C’est donc à un sacré défi que s’attaque Eurostar avec cette expansion.