Mobilité 21 : quel avenir pour le rail lyonnais ?

Après plusieurs mois de réunions et réflexions, la commission Duron a rendu public son rapport « Mobilité 21 », détaillant ses préconisations pour les projets relatifs aux transports dans le pays pour les années à venir. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les grands projets dans la région lyonnaise ont pris du plomb dans l’aile…

Concrètement, la commission a séparé tous les projets listés en 2 catégories : les prioritaires (dont la réalisation devrait être finalisée d’ici à 2030) et les non-prioritaires (réalisation au-delà de 2030, voire abandon pur et simple). Etaient en compétition en région lyonnaise : l’amélioration du noeud ferroviaire lyonnais, les accès au futur tunnel Lyon-Turin, la LGV POCL (Paris-Orléans-Clermont-Lyon), le CFAL (Contournement Ferroviaire de l’Agglomération Lyonnaise) et la branche sud de la LGV Rhin-Rhône (ainsi que l’A45 St Etienne-Lyon et le Grand Contournement Autoroutier de Lyon au niveau routier). Et les conclusions du rapport Duron sont sans appel : seule l’amélioration du noeud ferroviaire lyonnaise lui paraît être prioritaire, tous les autres projets pouvant être réalisés au-delà de l’horizon 2030 !

Détaillons maintenant chaque projet. Pour le noeud ferroviaire lyonnais, cela apparaît comme une évidence tant la congestion a gagné les rails de l’agglomération. La commission souligne également que ces améliorations sont nécessaires à réaliser en premier pour pouvoir mener à bien les autres projets concernant le volet ferroviaire en région lyonnaise. Tout cela semble logique, même si le projet de gare souterraine à Part Dieu semble pouvoir être mené à bien après 2030 selon la Commission. Pas évident tant on sait que la gare actuelle est contrainte niveau superficie pour pouvoir être agrandie en surface…

Pour le projet Lyon-Turin, le principal reproche au projet est le niveau actuel de circulations entre la France et l’Italie au niveau de Modane et du Mont-Cenis. Les accès au tunnel (dont la nouvelle LGV mixte Lyon-Chambéry) étant bien évidemment conditionnés à la réalisation du tunnel, ils sont donc forcément mis en suspens dans l’attente de la validation du tunnel.

La LGV POCL était l’un des gros projets de la commission Duron. Et lui aussi se voit relégué au second plan ! En cause, la situation actuelle de la LGV Paris-Lyon, que la commission estime pas encore à son niveau maximum d’utilisation ; elle suggère d’attendre que la LGV classique arrive à son niveau maximal (en augmentant d’ici là la capacité des rames TGV et en améliorant la signalisation par l’ERTMS pour augmenter le débit) avant de lancer pour de bon ce projet qu’elle estime néanmoins utile mais pas prioritaire.

Même constat pour le CFAL : la commission estime que l’amélioration du noeud ferroviaire lyonnais prime, et que le niveau de circulations de convois de Fret actuel ne justifie pas un tel investissement. Comme pour la LGV POCL, il est donc urgent d’attendre et de voir venir…

Pas mieux pour la LGV Rhin-Rhône, donc la branche sud doit impacter la région, avec une arrivée autour d’Ambérieu. La branche sud est même, comme la branche ouest, définie comme très peu pertinente, eu égard notamment au projet de LGV POCL qui semble être plus pertinent aux yeux de la commission.

On pourra toutefois regretter, même s’il ne concerne pas directement la région, le rejet à long terme de l’électrification de Nevers-Chagny, qui bouclerait la radiale Fret censée relier Nantes et l’Atlantique à la vallée de la Saône et l’est du pays, sans avoir à passer par la région parisienne.

Le gouvernement doit maintenant se prononcer le 9 juillet prochain sur les suites à donner à ce rapport. Si suite il y a à donner, vu le délai très court entre la publication du rapport et la date de décision, nul doute que le gouvernement se bornera à suivre les recommandations du rapport de la commission Duron…