Rapport Druon : quel avenir pour les Intercités autour de Lyon ?

La commission Druon, créée pour analyser et imaginer l’avenir du service Intercités (ou TET, Trains d’Equilibre du Teritoire) de la SNCF, vient de rendre son rapport ce mardi 26 mai 2015. Très attendu, il n’a pas manqué de susciter nombre de réactions. Voyons ce qu’il réserve pour les quelques Intercités circulant encore autour de Lyon, à savoir Lyon-Tours-Nantes et Lyon-Bordeaux.

Pour la première de ces relations, le constat est plutôt positif au vu de la desserte actuelle ( 2 aller-retours en semaine de/vers Tours et le samedi de/vers Nantes, un seul le dimanche) et des bassins de vie desservis, avec un chapelet d’agglomérations moyennes entre Lyon et Tours (pas une seule au-dessus des 100 000 habitants sur ce tronçon). Pour la répartition des voyages, on notera que la section Lyon-Nevers assure presque la moitié de la desserte, avec un autre tiers pour la partie Nevers-Tours, et le solde sur Tours-Nantes (desservi uniquement les week-ends, ce qui explique ce taux alors même que les plus grosses agglomérations desservies se situent sur ce tronçon).
Les analyses de la Commission Druon amènent cette dernière à préconiser le doublement de la desserte actuelle, soit passer de 2 à 4 aller-retours, mais en supprimant les arrêts de St Germain des Fossés, Saincaize et Saumur. Si pour Saincaize cette décision semble on ne peut plus logique, on peut néanmoins s’interroger sur sa pertinence quant à St Germain, noeud de correspondance vers Clermont-Ferrand : par exemple, le 4504 Lyon-Tours actuel offre avec son arrêt à St Germain une correspondance pour Clermont qui vient combler un trou de 5 heures entre le TER Lyon-Clermont de 6h40 et celui de 11h40 ! Niveau matériel, il va falloir attendre la livraison des rames Coradia Liner pour pouvoir avoir une véritable amélioration de l’offre et du confort à bord ; en attendant leur arrivée, les vénérables BB 67400 et les rames Corail à peine plus jeunes vont devoir tenir le coup… Et quand on voit la multiplication des livrées des locomotives en tête de ces TET (qui du vert Fret, qui du jaune Infra, en fonction de quelle activité accepte de dépanner Intercités pour tirer ces trains), on se dit que les nouvelles rames ne vont pas devoir être en retard et qu’il semble bien illusoire d’espérer un doublement de la desserte avant leur livraison…

Concernant le Lyon-Bordeaux, le tableau dressé est tout autre… Arrêtée depuis fin 2012, officiellement pour cause de travaux (officieusement parce que l’Etat et la SNCF n’en veulent plus…), cette liaison n’en finit plus d’être l’Arlésienne du réseau Intercités, alors même qu’auparavant, elle comportait 2 itinéraires possibles : la branche nord par Montluçon et Limoges, la branche sud par Clermont-Ferrand, Ussel et Périgueux. Si la seconde a péri corps et bien par petits coups, le dernier en date étant la fermeture du tronçon Laqueuille-Ussel, la version nord n’attend que le feu vert pour reprendre du service. Mais, de rumeurs en fausses annonces, rien de concret et de tangible ne vient, et il est toujours impossible de traverser le pays en train pour relier la Capitale des Gaules à celle d’Aquitaine, sauf à passer par Paris ou Toulouse et emprunter son altesse TGV…
Et ce n’est pas avec les recommandations du Rapport Druon que les choses risquent de s’améliorer ! Pour la branche sud, la réouverture de la section Laqueuille-Ussel n’est pas à l’ordre du jour, alors même qu’il ne faudrait « que » 7 millions d’euros (somme inscrite au dernier CPER de la Région Limousin, mais amendée uniquement à hauteur d’1 million par cette dernière, sous couvert de la participation de l’Etat et de l’Auvergne). A la place, la Commission préconise le transfert sur route via l’A 89, dont on se doute que la desserte ne sera pas aussi fine que celle par train. Pour comparaison, la compagnie de car Starshipper a lancé il y a peu une relation quotidienne entre Lyon et Bordeaux en 7h40, avec pour seul et unique arrêt sur le trajet Clermont-Ferrand… Il ne faut donc pas se leurrer, les futures dessertes routières sur l’axe se feront donc aux dépends des petites villes et de l’aménagement du territoire ! Pour la branche nord (si jamais elle rouvre un jour…), pas de retour non plus pour l’Intercités d’avant, mais un transfert de compétences vers les Régions concernées, donc à nouveau un désengagement de l’Etat ! D’ailleurs, à aucun moment, le Rapport Druon n’évoque la question douloureuse, mais néanmoins centrale et vitale, du financement et des compensations pouvant être accordées aux Régions qui récupéreraient les compétences des Intercités… Pour le Lyon-Bordeaux, il n’y a donc aucune surprise dans les recommandations de la Commission Druon, tout le monde s’attendait à ces conclusions. Pour ce qui pourrait ou aurait pu être envisagé pour cette relation, je vous renvoie à cet article publié l’automne dernier.

Au final, si pour le Lyon-Bordeaux rien ne surprend, pour Lyon-Tours-Nantes les perspectives sont un peu plus positives. Maintenant, ce Rapport Druon ne fait que des propositions ; la décision finale reviendra d’une part à l’Etat, qui est l’Autorité Organisatrice du service Intercités (et ça il ne faut surtout pas l’oublier ! ), et d’autre part bien sûr à la SNCF, qui est l’Entreprise Ferroviaire chargée de faire circuler ces mêmes Intercités. Le Rapport Druon préconise d’ailleurs la mise en concurrence des Intercités, en commençant par les relations nocturnes, frappées par une bonne partie du déficit de l’activité… Toute la question est de savoir ce qu’il restera au final de ce Rapport : le calendrier politique n’est pas forcément le meilleur, avec les élections régionales en fin d’année et le lancement des Grandes Régions dans la foulée début 2016, puis les présidentielles en 2017. Si décisions et arbitrages il doit y avoir, on voit donc que ce ne sera pas dans l’immédiat ! Pour ceux qui souhaiteraient consulter en entier ce Rapport de la Commission Druon, sachez qu’il est téléchargeable à cette adresse. A vos commentaires 😉