Une étude pour le développement des Trains d’Équilibre du Territoire

Le Gouvernement à remis il y a quelques jours au Parlement un étude sur le développement des TET, Trains d’Équilibre du Territoire, dans le cadre de du projet de loi d’orientation des mobilités. Dans cette étude (téléchargeable sur le site du Ministère de la Transition Écologique) est listée les orientations possibles pour l’avenir et le développement de lignes Intercités sur le réseau ferré national. Et parmi les lignes envisagées, plusieurs concernent la région lyonnaise.

Première liaison envisagée : Metz-Lyon-Grenoble, sur la base de 3 A/R par jour, avec 2 variantes possibles (1 version avec 3 trains entre Lorraine et Dauphiné, 1 autre avec 2 trains limités au parcours Metz-Lyon et un troisième prolongé sur Grenoble), pour un temps de parcours estimé de 4h55 de Metz à Lyon et 6h de Metz à Grenoble, avec arrêts à Nancy, Neufchâteau, Dijon, Chalon-sur-Saône et Lyon Part-Dieu (plus 2 arrêts à choisir entre Toul, Merrey et Is-sur-Tille). Les futures rames AMLD (Automotrices Moyenne et Longue Distance), dont le marché a été remporté par le constructeur espagnol CAF fin 2019 sont envisagées pour assurer cette relation. La trame sur l’axe Dijon-Lyon étant déjà plus que bien fournie (1 train/heure en journée entre les deux capitales régionales), on pourrait envisager de faire passer ces trains par la ligne de la Bresse, avec un arrêt à Bourg en Bresse, qui permettrait de capter le trafic sur l’Ain et le Jura. De même, un arrêt à Culmont-Chalindrey serait de nature à capter le trafic en provenance de la ligne 4 (Paris-Troyes-Chaumont-Vesoul-Belfort-Mulhouse), mais nécessiterait un rebroussement supplémentaire (c’est déjà le cas sur la paire de TER Dijon-Nancy circulant actuellement). En outre, un arrêt à Merrey nécessiterait la réouverture de la gare au trafic voyageurs. Notons également que Railcoop envisage de se lancer sur une liaison analogue entre Lyon et Thionville…

Deuxième liaison envisagée : Orléans-Lyon. Non, ce n’est pas le retour sur le devant de la scène du projet de LGV POCL (Paris-Orléans-Clermont-Lyon), mais bien une relation Intercités entre le Centre-Val-de-Loire et Auvergne-Rhône-Alpes, qui viendrait en complément de la desserte TET actuelle entre Lyon, Tours et Nantes. D’ailleurs, l’étude envisage de coupler, l’une des 3 relations vers Orléans avec une rame TET pour Nantes, les deux autres dessertes s’intercalant entre les relations actuelles (qui vont d’ailleurs bientôt passer de 2 à 3 dessertes/jour). La desserte de Clermont-Ferrand n’est pas envisagée en direct mais par correspondance depuis Nevers ou Moulins. Niveau matériel, on serait, comme actuellement pour la liaison Lyon-Nantes, sur du Coradia Liner ; niveau temps de parcours, l’étude table sur 4h10 pour relier Orléans à la capitale des Gaules.

Troisième liaison envisagée, un peu plus surprenante celle-ci : Lyon-Toulouse. Plus surprenante car il existe déjà, entre ces deux capitales régionales, une desserte par TGV sur la base de 3 AR directs par jour en un peu plus de 4h, plus une poignée d’autres avec correspondance à Montpellier. L’étude envisage une fréquence de 2 AR/ jour pour un temps de parcours de bout en bout de 5h15, soit le même temps que les trajets avec correspondance, mais avec desserte d’Avignon (et un temps de trajet similaire à celui de la voiture).

L’étude ne se contente pas de lister les relations envisageables, mais elle détaille également les dessertes envisagées mais jugées non pertinentes ; là aussi, la région lyonnaise est très représentée :

  • Lille-Lyon via Reims : si le temps de trajet de bout en bout annoncé (supérieur à 7 heures) ne tient en effet pas la comparaison avec les 3 heures nécessaires au TGV, les liaisons actuelles entre la Champagne et Lyon d’une part, et les Hauts de France d’autre part, sont tout sauf florissantes et attractives…

  • Bordeaux-Lyon via Limoges : déjà envisagée par Railcoop, cette liaison n’a visiblement pas les faveurs de l’Etat, qui considère que, sur cette relation, l’immense majorité des déplacement se feraient au sein d’une même région (le chiffre de 2 500 déplacements/jour de bout en bout est même évoqué dans l’étude) ; l’étude pointe également les temps de parcours du train par rapport à la route et surtout face à l’aérien.

  • Strasbourg-Lyon, et là c’est déjà beaucoup plus incompréhensible : la desserte actuelle par TGV occulte complètement la desserte de toutes les villes intermédiaires de l’arc jurassien (Bourg en Bresse, Lons le Saunier, Besançon, Montbéliard, Belfort), pour qui rejoindre le sud-est du pays en train relève de la gageure (un peu comme les territoires du nord-Bourgogne, de la Champagne et de la Lorraine). En gros, le message passé à travers l’étude, c’est : pas touche au TGV, aux régions de se débrouiller pour monter une desserte de maillage de leurs territoires respectifs… Trains d’Équilibre du Territoire vous avez dit ?

Dernier volet traité dans l’étude : la relance des trains de nuit (matérialisée par le retour il y a quelques jours de la relation nocturne Paris-Nice). Là encore, Lyon est concernée avec deux liaisons envisagées : Genève-Lyon-Quimper et Bordeaux-Lyon-Genève, complétées, en hiver, par un Quimper-Lyon-Bourg Saint Maurice et un plus surprenant Bruxelles-Lille-Lyon-Bourg Saint Maurice.

A la lecture de toutes ces relations, une chose frappe très rapidement l’esprit : on a clairement l’impression que l’État cherche à réinventer la roue et à faire un retour dans le passé. En effet, toutes les relations envisagées ont existé jusqu’à il y a quelques années seulement ! Metz-Lyon-Grenoble, Lyon-Orléans, Strasbourg-Lyon, Lyon-Bordeaux/Quimper, même Lyon-Toulouse et Reims-Lyon, toutes ces dessertes ont existé et ont été du ressort de la branche Intercités de la SNCF ! Dès lors, on se demande bien pourquoi elles ont été abandonnées, si c’est pour les remettre au goût du jour quelques années plus tard… Paraît-il que le chemin de fer est un éternel recommencent…

Quoi qu’il en soit, après les effets d’annonce, il faudra voir ce qui ressortira concrètement de cette étude et quelles relations verront effectivement le jour. Rendez-vous donc pour suivre et étudier les prochaines étapes de la vie de cette étude !