La Z 23556 en charge d'une navette Lyon Perrache-Givors Ville marque l'arrêt en gare de Vernaison, au sud de Lyon. Une illustration du trafic voyageur subsistant sur cette ligne... 24 mai 2004.  

La ligne de la rive droite du Rhône est la ligne pionnière et historique de la région lyonnaise. C'est en effet le 3 avril 1832 qu'a été inaugurée la section Givors-Perrache, prolongement de la ligne Rive de Gier-Givors. Cette nouvelle portion permettait d'écouler le charbon des mines stéphanoises dans le reste du pays moyennant un transbordement fluvial à Lyon. Elle permettait également d'instaurer un début de service voyageur entre les deux préfectures. La section sud vers Tournon, Le Teil et Nîmes a quant à elle été construite en plusieurs étapes de 1862 à 1880. Si la première section a reçu les caténaires 1500 V en 1957, le tronçon Givors-Nîmes n'a été électrifié qu'en 1979.

La partie qui nous intéresse commence donc en gare de Lyon-Perrache. Après s'être détachée de l'artère Paris-Marseille au débouché du tunnel de Ste Irénée, la ligne file plein sud. Après avoir longé le faisceau marchandises de Perrache, elle franchit la Saône peu avant le confluent grâce au pont de la Mulatière, construit en 1912 par la société Eiffel. A l'extrémité du pont, la ligne s'engouffre dans le tunnel de La Mulatière sous les collines lyonnaises. Au débouché du tunnel, elle longe les ateliers d'Oullins Machines, franchit l'Yzeron et parvient en gare d'Oullins. Elle passe ensuite le long des usines pétrochimiques de Pierre Bénite, puis se glisse entre le Rhône et les collines. Elle dessert au passage Vernaison, puis se fraye un passage entre les bois jusque Grigny, où se situe le triage de Badan, qui ne sert plus aujourd'hui que de relais et de gare Fret pour les dessertes locales (port pétrolier de Givors, usines de Rive de Gier, centrale de Loire sur Rhône, carrières de Millery, Oullins). Elle retrouve brièvement les rails pour St Etienne en gare de Givors Canal, franchit le Gier, puis enjambe les voies de la ligne de St Etienne au niveau de la gare de Givors Ville pour reprendre sa descente vers le sud. Après le tunnel de Givors, la ligne rejoint le Rhône dont elle suivra la vallée jusque dans le Midi, tantôt à quelques encablures en épousant les courbes et les méandres du fleuve comme aux alentours de Condrieu, tantôt à distance plus importante, mais sans jamais s'éloigner de son cours. De fait, les déclivités maximales n'excèdent pas 5 ‰.

 
 
La traction diesel n'est pas morte sur la rive droite, loin de là ! Ci-dessus, l'X 73640 au droit d'un pilier de l'ancien bac de Vernaison (12/09/05). Ci-dessous, une UM menée par l'X 4703 au TER 886981 franchit le PN 361 de l'ancienne halte de La Tour de Millery le 26/09/04.
 
 

De nos jours, la seule desserte voyageurs subsistante relie Lyon à Givors, en irrigant Oullins, Pierre Bénite, Vernaison, Grigny-Le Sablon, Givors Canal et Givors Ville. On compte actuellement 15 relations Lyon Perrache-Givors Ville et 14 dans l'autre sens, dont certaines origine/terminus Lyon-Vaise. La partie sud de Givors à Nîmes a perdu tout trafic voyageur en 1973, faisant du département de l'Ardèche le premier, et le seul, à ne pas posséder de desserte voyageur régulière. La section Perrache-Givors, en plus du courant local, supporte également une partie du trafic Lyon-St Etienne, réparti à 50 % entre les gares de Perrache et Part Dieu. Ce tronçon voit également passer des trains TER pour Le Puy, Clermont Ferrand et Roanne. Si les liaisons pour Givors et St Etienne sont couvertes majoritairement par les automotrices Z 23500 et les toutes nouvelles Z 24500, on peut également rencontrer des X 2800, 4630, 73500, ainsi que l'X 2202 qui assure quotidiennement un aller-retour sur Le Puy, en attendant l'avènement des AGC, qui commencent à faire quelques apparitions vers St Etienne et Clermont Ferrand.

Mais la vocation principale de la ligne de la rive droite du Rhône reste bien évidemment le Fret. Cette ligne est en effet l'une des rares artères françaises électrifiée à double voie à être entièrement dédiée au trafic marchandises. Elle est en effet complémentaire de la ligne de la rive gauche, qui elle est plus dévouée à l'écoulement du trafic voyageur le long de la vallée. Ainsi, le tronçon central entre Givors et Villeneuve supporte quotidiennement près d'une centaine de circulations, dont une bonne partie est écoulée de nuit. Nombre de ces trains sont en provenance ou à destination du triage lyonnais de Sibelin, mais on peut également rencontrer des circulations au long cours, notamment vers l'Espagne, et celles de Clermont/St Etienne qui rebroussent au faisceau relais du triage de Badan. La ligne voit également passer des dessertes locales, entre autres pour Loire sur Rhône, Ste Colombe les Vienne et Condrieu (desservis via le triage de Badan), Peyraud, La Voulte sur Rhône, Le Pouzin ou bien encore Le Teil (alimentés quant à eux par le triage de Portes les Valence). La partie nord entre Lyon et Givors est un peu moins fournie au niveau Fret, car les trains sont plus difficilement insérables au milieu du trafic voyageur, bien qu'un courant soutenu circule en milieu de journée dans le sens nord-sud. Côté matériel, les 27000 ne descendant plus au sud de Sibelin, le trio infernal 7200/22200/26000 règne sans partage. Les dessertes locales sont quant à elles couvertes par les engins diesel disponibles, surtout des BB 63500 et 67300.

La présence de 4 raccordements entre les 2 rives : entre Chasse sur Rhône et Givors, Peyraud et St Rambert d'Albon, Livron et La Voulte, et entre Villeneuve et Avignon, permet de gérer le trafic en direct, et d'éviter les conflits en cas d'incident. Ainsi, lors de travaux sur la rive gauche, le trafic voyageur est absorbé sans difficulté par la ligne de la rive droite ; il suffit simplement de rouvrir les gares au service voyageur et à la sécurité, et d'instaurer des navettes par bus entre les deux rives. C'est ce qui s'est passé en novembre 2004, et en avril et mai 2005. Une bonne occasion d'apporter un peu de diversité sur cette ligne un peu oubliée, mais ô combien essentielle dans la région.

Ci-dessus, la Z 23539 assurant le TER Vaise-Givors 877717 franchit l'ancienne halte des Sellettes, entre Vernaison et Grigny. 24/05/04.
 
 
2 exemples du trafic fret sur la partie nord : ci-dessus, la 26227 en livrée Multiservices traverse la gare d'Oullins en tête d'une rame de trémies. 09/09/04. Ci-dessous, une autre Sybic, la 26132, franchit avec son train d'automobiles l'ancienne halte d'Irigny une semaine plus tôt.  
Deux illustrations de la partie sud de la ligne, après Givors. Ci-dessus, un train de combiné mené par une BB 7200 serpente entre vignes, arbres fruitiers et collines pour rejoindre le sud (Vérin, 09/06/2005). Ci-dessous, la BB 7301 tracte le TER Lyon-Marseille 17707 détourné par la ligne de la rive droite. Ce train est vu ici au passage à Rochemaure (07), quelques kilomètres au nord du Teil, le 25 novembre 2004. Un bon exemple du rôle de soupape de sécurité que joue cette ligne en cas de travaux ou d'incident.
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